Les armes chimiques utilisent délibérément les propriétés toxiques de substances chimiques pour tuer ou pour blesser. Elles sont généralement considérées comme des armes de destruction massive, tout comme les armes biologiques et nucléaires. L’utilisation moderne des substances chimiques comme instrument de guerre remonte au début de la première guerre mondiale. Le 15 avril 1915, deux divisions françaises qui défendaient la ville belge d’Ypres furent attaquées avec du chlore par l’armée allemande. Les troupes françaises paniquées cédèrent, mais les Allemands, surpris par l’ampleur de leur découverte, n’exploitèrent pas cet avantage temporaire. L’utilisation de chlore à Ypres par l’armée allemande marqua le début de l’utilisation de gaz dans la guerre. Par la suite, les Allemands et les Alliés utilisèrent régulièrement différents gaz dans leurs grandes opérations militaires, chacun essayant de surpasser l’autre avec ses innovations offensives et défensives. Au cours de la guerre, de nouvelles substances plus virulentes, comme le phosgène ou le gaz moutarde, apparurent sur les champs de bataille. Utilisées pour la première fois par les Allemands, elles furent ensuite reprises par les Alliés .À la fin de la guerre, le gaz était considéré par tous comme un élément inextricable du combat moderne. L’utilisation d’armes chimiques n’avait toutefois pas été décisive pendant la guerre. En fait, le gaz n’avait ni permis aux Allemands d’éviter la défaite, ni aidé les Alliés à s’assurer la victoire. De plus, les effets peu fiables de l’utilisation de gaz, ainsi que les difficultés logistiques et tactiques qu’elle représentait, en faisaient une arme pour le moins encombrante et difficile à utiliser.

Les armes chimiques sont constituées de produits chimiques toxiques (et leurs précurseurs) et des dispositifs utilisés pour les transporter jusqu’à la cible. Les produits chimiques toxiques peuvent tuer, blesser ou entraîner une incapacité temporaire. Les précurseurs font partie de la fabrication des produits chimiques toxiques. Si de nombreuses substances correspondent à la description des produits chimiques toxiques, dans la réalité, seules quelques-unes ont été choisies pour la fabrication d’armes. Pour être employée comme arme de guerre, une substance chimique doit être suffisamment toxique en petite quantité, doit pouvoir être produite assez facilement en grande quantité et être suffisamment stable pour conserver ses capacités toxiques pendant le stockage et résister au processus de dissémination. Les produits chimiques toxiques utilisés dans la fabrication d’armes chimiques peuvent être classés selon plusieurs critères, comme leur volatilité ou leur utilisation militaire. Ils sont néanmoins le plus souvent classés selon leurs effets : les agents hémotoxiques, les agents vésicants, les suffocants, les agents neurotoxiques, les agents incapacitants, les agents neutralisants et les toxines.

Les agents hémotoxiques bloquent l’échange d’oxygène entre les globules rouges et le tissu cellulaire. Ils agissent très rapidement et sont généralement fatals. Les agents vésicants provoquent, eux, de graves brûlures et vésicules sur la peau, sur les yeux et sur les poumons. L’exposition aux agents vésicants déclenche des douleurs et des lésions immédiates, et peut entraîner la mort par asphyxie. Les suffocants attaquent, pour leur part, les yeux et les voies respiratoires. Ils sont particulièrement nocifs pour les poumons. Ces derniers se remplissent progressivement de liquide et gonflent tellement que le sang ne peut plus être alimenté en oxygène, provoquant une asphyxie progressive puis la mort. Quant aux agents neurotoxiques, ils sont les produits chimiques toxiques les plus puissants. Ils sont généralement incolores, inodores et insipides, et peuvent être facilement absorbés par le système respiratoire, les yeux, la peau et le tube digestif sans causer la moindre irritation susceptible de signaler leur présence. Ils sont extrêmement toxiques et sont généralement fatals même si l’exposition n’a été que très brève. Ils agissent sur la transmission des impulsions nerveuses dans le système nerveux. Les agents incapacitants n’entraînent, eux, pas de lésions ni la mort, mais les personnes visées sont incapables de conduire leurs activités habituelles. Ils n’ont que des effets physiques ou physiologiques temporaires qui disparaissent généralement assez rapidement. Quant aux agents neutralisants, à l’instar des agents incapacitants, ils n’entraînent que des effets physiologiques temporaires comme des troubles de la vue ou de la respiration, qui ne provoquent généralement pas de lésions graves. Les agents neutralisants agissent plus rapidement que les agents incapacitants, mais leurs effets durent moins longtemps. Les toxines, enfin, sont des poisons produits par des organismes vivants ou leurs équivalents de synthèse. Elles sont extrêmement toxiques et peuvent être fatales. La plupart des produits chimiques toxiques peuvent être fabriqués par différentes méthodes. La fabrication peut coûter plus ou moins cher selon le type d’agent.

La fabrication d’agents hémotoxiques et de suffocants est relativement simple et ne nécessite pas de matériel ni d’installations autres que ceux d’une simple base industrielle chimique. Nombre de ces agents sont déjà fabriqués à travers le monde dans le cadre d’activités industrielles commerciales et peuvent être facilement achetés sur le marché. La fabrication d’agents vésicants est légèrement plus difficile en raison d’un risque d’accident supérieur, sans être pour autant terriblement complexe. Les agents vésicants sont fabriqués depuis la première guerre mondiale et leurs processus de fabrication sont bien compris et documentés. À la différence des agents hémotoxiques, des agents vésicants et des suffocants, les agents neurotoxiques sont beaucoup plus difficiles à produire. Ils nécessitent des processus complexes de fabrication et un équipement spécialisé très résistant à la corrosion. Les toxines sont généralement extraites des organismes vivants qui les fabriquent. Le processus d’extraction peut être complexe, mais reste plus simple que la fabrication d’agents neurotoxiques. Les toxines peuvent aussi être produites artificiellement, mais c’est difficile pour de très grandes quantités. Les produits chimiques toxiques fabriqués sont stockés dans de grands récipients ou chargés dans des munitions. Les conteneurs de stockage doivent être étanches et résister à la corrosion. Les munitions doivent être conçues de manière à pouvoir emporter, en toute sécurité, l’agent vers sa cible et le diffuser de manière efficace. Il existe en somme trois types de munitions d’armes chimiques : les munitions explosives, les munitions thermiques et les munitions de pulvérisation. Les munitions explosives utilisent des explosifs brisants pour diffuser la substance chimique sur la cible. Elles ne sont pas particulièrement efficaces car les substances qu’elles contiennent sont généralement détruites par l’explosion et elles ne permettent pas de contrôler la granulométrie. Elles sont néanmoins faciles à produire et ne coûtent pas cher puisqu’elles découlent de munitions classiques courantes. Les munitions thermiques utilisent, quant à elles, des moyens pyrotechniques pour diffuser la substance toxique sous forme d’aérosol. Elles sont plus efficaces que les munitions explosives car elles peuvent mieux contrôler la granulométrie. Il n’empêche que la plupart des substances toxiques sont très sensibles à la chaleur et se dégradent rapidement lorsqu’elles sont surexposées. Les munitions de pulvérisation diffusent, elles, un produit chimique toxique sous forme aérosol. Elles présentent l’avantage de permettre un excellent contrôle de la granulométrie et sont particulièrement efficaces pour couvrir des zones entières. Les fines gouttelettes d’aérosol peuvent cependant s’évaporer ou être emportées par le vent avant d’atteindre la cible, à moins d’être utilisées à de faibles altitudes. Les effets des armes chimiques dépendent de plusieurs facteurs et notamment d’une diffusion efficace, des conditions météorologiques et du niveau de défense de la cible visée. Une bonne diffusion est un élément crucial pour les armes chimiques. Si les substances toxiques ne sont pas diffusées de manière efficace sur la cible, leur impact direct est négligeable.

En général, les substances toxiques sont diffusées sous la forme d’aérosols ou de liquides. Pour les attaques lancées à distance de sécurité, lorsque la substance doit parcourir une certaine distance avant d’atteindre la cible, des aérosols comprenant des particules de moins de 10 microns de diamètre sont utilisés. Ces aérosols sont emportés par le vent et attaquent le système respiratoire. Lorsque des aérosols sont utilisés, il est important d’avoir la bonne granulométrie. En effet, si les gouttelettes sont trop grosses, elles tombent avant d’atteindre leur cible ou sont arrêtées par les défenses naturelles des voies respiratoires. Si elles sont trop petites, les particules se dispersent rapidement et la cible est exposée à des doses insuffisantes pour produire l’effet souhaité. Quant aux attaques qui consistent à larguer la substance directement sur la cible, elles utilisent des liquides composés de particules d’au moins 70 microns de diamètre. De tels liquides sont utiles lorsque la cible doit être atteinte par voie percutanée. Une fois de plus, la granulométrie est un critère déterminant pour réussir une attaque. Les particules trop petites sont emportées et manquent leur cible et celles qui sont trop grosses ne pénètrent pas dans la peau. Les conditions météorologiques ont aussi une incidence importante sur les conséquences des armes chimiques. De mauvaises conditions météorologiques peuvent compromettre une attaque avec des armes chimiques. Certains vents peuvent emporter la substance loin de la cible ou la disperser avant qu’elle n’agisse ; quant à la pluie, elle peut la rendre inefficace. Les attaques lancées à distance de sécurité et celles visant à interdire l’accès à certaines zones sont particulièrement sensibles aux conditions et changements météorologiques. Enfin, le niveau de protection d’une cible joue un rôle décisif sur l’efficacité des armes chimiques.

Lorsque la cible n’est pas protégée, les armes chimiques peuvent avoir des effets dévastateurs. Il n’empêche qu’une détection à temps et des moyens de protection individuels et collectifs efficaces peuvent, dans une large mesure, atténuer ces effets. Le masque à gaz est la défense la plus courante face aux armes chimiques. Il existe aussi des moyens de défense collectifs, comme des zones ou des véhicules spécialement protégés, et, dans une certaine mesure, des traitements prophylactiques ou thérapeutiques. Les armes chimiques sont utilisées contre des cibles militaires, mais aussi civiles. Leur utilisation présente des avantages et des inconvénients. Sur le plan des avantages, les armes chimiques coûtent moins cher que les armes classiques ; elles peuvent être utilisées contre des cibles dispersées ou fortifiées, contre des cibles dont la position exacte est inconnue ; elles peuvent interdire l’accès à certaines zones ; elles attaquent les personnes, mais laissent intacts les équipements et les infrastructures ; et peuvent servir à lancer des opérations terroristes ou des attaques surprise. Sur le plan des inconvénients, les armes chimiques nécessitent des capacités opérationnelles complexes ; leurs effets sont imprévisibles et peuvent ne pas se limiter à la zone visée ; elles ne détruisent pas le matériel, ce qui signifie qu’en cas d’échec de l’attaque les forces ennemies restent intactes ;elles ont des effets externes négatifs, leur utilisation compliquant la conduite des autres opérations militaires ; et leur emploi, qui constitue une violation du droit international, peut entraîner une sanction internationale.

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