Les abris de protection civile NBC protègent en cas de catastrophe d’origine biologique

Agent biologique
Matière contaminante dont les effets pathogènes entraînent la mort ou une incapacité. Les agents biologiques comprennent généralement les bactéries, les virus, les rickettsies, les champignons et les toxines. Ils peuvent être utilisés contre les êtres humains, les animaux ou les plantes. Ils pénètrent dans le corps humain par le biais du système respiratoire ou digestif.

Agent pathogène
Toxine ou micro-organisme susceptible de causer une maladie. Tous les agents biologiques sont pathogènes.

Antibiotique
Substance obtenue généralement à partir de micro-organismes détruisant ou empêchant la croissance d’autres micro-organismes virulents. Les antibiotiques stimulent le système immunitaire naturel et peuvent aussi être utilisés comme moyen de défense contre les agents biologiques. Les antibiotiques ne sont toutefois pas toujours efficaces dans ce rôle. De nombreux agents biologiques peuvent être conçus pour résister à des antibiotiques précis.

Arme biologique
Engin ou vecteur qui emporte des agents biologiques vers une cible. Au début du XXe siècle, les armes biologiques étaient appelées armes bactériologiques.

Bactérie
Micro-organisme unicellulaire constitué de cytoplasme et de membrane cellulaire. Certaines bactéries peuvent entraîner des maladies. Elles sont généralement cultivées facilement dans des milieux artificiels de culture liquide ou solide. La réplication des bactéries s’opère par simple division. De nombreuses bactéries pathogènes sont sensibles aux antibiotiques, mais il est possible de sélectionner des souches résistantes à des traitements particuliers. Différentes bactéries sont susceptibles d’être utilisées comme agents biologiques : Bacillus anthracis, Brucella suis, Yersinia pestis, Vibrio cholerae, Pasteurella tularensis et Salmonella typhi.

Champignon
Groupe de micro-organismes se nourrissant de matière organique. Ils ne sont généralement pas nocifs pour les êtres humains et les animaux, mais ils peuvent être nuisibles pour les plantes. Différents champignons sont susceptibles d’être utilisés comme agents biologiques : Colletotrichum kahawae, Helminthosporium oryzae, Microcyclus ulei etPuccinia graminis.

Confinement
Régime de sécurité appliqué pour assurer une manipulation et un entretien sûrs des matières biologiques dangereuses. Il existe deux types de confinement : primaire et secondaire. Le confinement primaire consiste à protéger le personnel et l’environnement immédiat du laboratoire contre le risque d’exposition à des matières biologiques dangereuses. Le confinement secondaire consiste à protéger l’environnement en dehors du laboratoire de l’exposition à de telles matières.

Fermentation
Processus permettant la culture ou la reproduction de microorganismes tels que des agents biologiques dans un environnement contrôlé. Ce processus est indispensable à la culture d’agents biologiques.

Granulométrie
Taille d’une particule d’agent biologique ou chimique dispersé. Elle influence la capacité qu’a l’agent de pénétrer dans le système respiratoire d’un individu. Par exemple, les grosses particules ne restent pas longtemps dans l’air et ne peuvent être inhalées dans les poumons ; quant aux particules très petites, elles sont instables et inefficaces.

Guerre biologique
L’emploi d’armes biologiques à des fins hostiles.

Rickettsie
Micro-organisme intracellulaire ayant une forme et une structure similaires à celles des bactéries. Les rickettsies, comme les virus, ne peuvent se développer qu’à l’intérieur de cellules vivantes. Elles ont des effets pathogènes sur l’homme. L’exposition à des rickettsies peut provoquer une incapacité temporaire. Différentes rickettsies sont susceptibles d’être utilisées comme agents biologiques : Coxiella burnetii, Bartonella quintana, Rickettsia prowaseckiet Rickettsia rickettsii.

Stabilisation
Traitement d’un agent biologique pour le stocker ou le placer dans des munitions. La stabilisation permet d’éviter la dégradation de l’agent pendant son stockage ou son utilisation. Différentes techniques peuvent être utilisées pour la stabilisation : la cryodessiccation (lyophilisation), la dessiccation par pulvérisation et la congélation.

Toxine
Sous-produit toxique de plante, d’animal ou de micro-organisme, ou issu d’une synthèse chimique artificielle. À la différence d’autres agents biologiques, les toxines ne peuvent se reproduire et ne peuvent produire de maladies transmissibles ; elles ne touchent que les organismes exposés. Une exposition à des toxines peut entraîner chez l’être humain une incapacité temporaire de quelques heures à plusieurs jours, voire conduire à la mort. Les toxines n’étant pas des organismes vivants, elles sont plus stables et donc plus faciles à manipuler que d’autres agents biologiques. Différentes toxines peuvent être utilisées comme agents biologiques : aflatoxines, toxines botuliques, ricine, entérotoxines (Staphylococcus aureus) et saxitoxines.

Vecteur
Arthropode utilisé pour transporter un agent biologique jusqu’à sa cible.

Virus
Micro-organisme contaminant qui consiste en une molécule d’acide nucléique entourée d’une coque protéique. Les virus se reproduisent dans des cellules vivantes. Leurs effets peuvent être amplifiés par une mutation naturelle ou par une modification génétique. Les agents viraux sont généralement mortels pour l’homme et, contrairement aux agents bactériologiques, ne peuvent faire l’objet d’un traitement. Différents virus peuvent être utilisés comme agents biologiques : le virus de l’encéphalite équine du Venezuela, le virus d’Ebola, le virus de Hantaan, le virus de la fièvre de la vallée du Rift et le virus de la fièvre jaune.

 

« Une nouvelle arme bactériologique contenant une forme du virus de l’anthrax, résistant à tous les antibiotiques et qui déclenche une pneumonie mortelle en moins d’une semaine, a été mise au point en Russie, a révélé la revue britannique spécialisée de défense Jane’s » pouvait-on lire dans le Monde du 6-7 avril 1997. Malgré la convention de 1972 interdisant le développement, la production, le stockage, l’acquisition et le transfert des agents biologiques, l’utilisation de germes pathogènes ou de toxines en tant qu’arme reste d’actualité. Les progrès impressionnants dans la maîtrise du génie biologique et des biotechnologies ont accru les risques liés à l’utilisation des agents naturels. À l’emploi de ces armes en situation de guerre s’est ajouté le risque lié à l’usage des agents biologiques lors d’attentats ou d’actions terroristes. Connu depuis l’antiquité, le risque biologique est caractérisé de nos jours par de nouvelles armes et de nouvelles menaces.

HISTORIQUE

L’histoire des agents biologiques se confond avec celle des conflits. La preuve de l’emploi de telles armes a été souvent difficile à établir. Le plus souvent, il s’est agi de menaces d’utilisation ou d’accusations d’usage.

Les archers scythes rendaient leurs flèches toxiques en les trempant dans les cadavres en décomposition, dans du sang putréfié ou dans du fumier. Dès l’an 300 avant J.C., les Grecs polluaient les puits, et autres sources d’eau potable de leurs ennemis, avec des cadavres d’animaux. Les Romains et les Perses ont utilisé la même tactique. En 1155, à la bataille de Tortona, Barberousse empoisonnait des puits avec des cadavres de soldats. Cette manœuvre de guerre allait être réemployée quelques siècles plus tard, en juillet 1863, pendant la guerre de Sécession, par le général Johnston qui polluait l’eau potable de Vicksburg avec des cadavres de moutons et de porcs. Après l’eau, ce fut au vin d’être la cible des empoisonneurs. Un médecin italien, Cesalpino, raconte que, pendant la campagne de Naples en 1495, des soldats espagnols ont donné aux Français du vin contaminé avec du sang de lépreux. L’apparition des catapultes et des machines de siège allait fournir une nouvelle technologie à la guerre biologique. En 1346, lors du siège de Caffa (actuellement Feodossia), comptoir génois sur la côte de Crimée, le chef des assiégeants tatars, Djanisberg donna l’ordre de projeter des cadavres de pestiférés, avec des trébuchets, à l’intérieur de la cité. La fuite des Génois, leur retour en Italie, fut à l’origine de la deuxième grande pandémie de peste. Un procédé identique fut utilisé en 1422 au siège de Carolstein. Mais pour surmonter les difficultés techniques des projections humaines, le général d’artillerie polonais Siemenowicz proposa, en 1650, d’utiliser des « globes empoisonnés avec de la bave de chien enragé ».

L’histoire de la guerre biologique prit un nouveau tournant en 1763 avec l’emploi d’une maladie spécifique : la variole. Pour lutter contre les Indiens d’Amérique du Nord, le colonel anglais Bouquet, commandant des forces en Pennsylvanie, leur fit distribuer des couvertures infectées de virus varioleux.

Le développement de la bactériologie au XIXe et au début du XXe siècles allait élargir considérablement le spectre des agents utilisables. En 1915, pendant la première guerre mondiale, l’Allemagne fut accusée d’utiliser le choléra en Italie, la peste à St Petersbourg, et, en 1917 d’infecter 4 500 mules en Mésopotamie avec le bacille de la morve. Un démenti officiel de ces allégations fut publié. En 1916, des lots d’ampoules du bacille de la morve, avec leur notice d’utilisation, furent saisis à la Légation allemande de Bucarest.

Bien que le protocole de Genève de 1925 ait été ratifié par un grand nombre d’États, son efficacité a été relative. En 1929, l’URSS ouvrit un centre de recherche sur les armes biologiques au nord de la mer Caspienne. En 1931, l’armée japonaise créa en Mandchourie trois centres spécialisés en guerre biologique, et se livra au sein de l’unité 731 du général Shiro Ishii à des expérimentations humaines sur des prisonniers. De 1940 à 1944, l’aviation japonaise répandit la peste sur 11 villes de Chine en larguant des bombes à fragmentation ou en porcelaine remplies de bacilles, en lâchant des puces infectées, en même temps que du riz pour attirer les rongeurs. L’intérêt porté aux armes biologiques conduisit alors de nombreux pays à se doter de centres de recherches sur ces armes. C’est à cette époque que la Grande-Bretagne expérimenta, en 1941-1942, sur l’Ile de Gruinard, au nord-ouest de l’É cosse, des dispositifs de dispersion de Bacillus anthraci.s. Cette île restera interdite d’accès pendant plusieurs décennies. En dehors du programme japonais, il n’y eut pas d’utilisation, à des fins militaires, de l’arme biologique pendant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, le 27 mai 1942, des Tchécoslovaques assassinèrent Heydrich, commissaire général de la Gestapo, avec une grenade antichar sur laquelle étaient fixées des ampoules pleines de toxine botulinique.

En 1952, pendant la guerre de Corée, les Américains ont été accusés d’avoir répandu le choléra et des insectes infectés par la peste. Cette accusation a été formellement démentie depuis. On allait ensuite reparler des agents biologiques au cours des années 1970 avec l’assassinat de deux exilés bulgares, Markov et Kostov, tués en 1978 par des projectiles imprégnés de ricine, tirés d’un parapluie. En avril et mai 1979, une épidémie inhabituelle de charbon pulmonaire survint à Sverdlosk en URSS, après l’explosion d’un bâtiment militaire. L’origine exacte de cette épidémie, longtemps niée par les autorités soviétiques, a été reconnue en 1992 par le président Eltsin. En 1981, le rapport Haig dénonçait l’utilisation par les soviétiques et leurs alliés, de mycotoxines, « les pluies jaunes », pendant les campagnes du Laos, du Cambodge et d’Afghanistan.

Enfin, le dernier exemple en date du risque biologique au cours d’opérations militaires est fourni par la guerre du Golfe en 1991-1992. D’après un rapport du Département de la Défense américaine, les Irakiens ont avoué la fabrication de 90 000 litres de toxine botulinique, 8 300 litres de charbon, et de quantités significatives d’aflatoxine. Ils ont reconnu également avoir produit environ 200 têtes de missiles et de bombes aériennes contenant ces agents, réparties sur différents sites; et ils ont admis avoir fait des recherches sur des mycotoxines et d’autres agents infectieux ou toxines (dont la ricine).

LES AGENTS D’ORIGINE BIOLOGIQUE

Les agents biologiques, vivants ou non, sont issus du règne animal, végétal ou microbien (bactéries, virus, parasites et mycètes). L’OMS (1969) et le glossaire de l’OTAN définissent un agent biologique comme « un microorganisme qui provoque une maladie chez l’homme, les animaux ou les plantes, ou qui produit une détérioration des matériaux ». Cette définition comprend les substances naturelles produites par ces organismes, à savoir les toxines ou les peptides biologiquement actifs. Dans ce cas cependant, la limite est floue entre agents de guerre biologique et agents chimiques.
Les agents naturels vivants

Responsables naturellement d’infections et d’épidémies, il s’agit d’outils difficiles à manier, répondant mal aux exigences militaires de certitude d’efficacité, de sûreté, de prédictibilité. E n tant qu’arme biologique, ceux à transmission directe, par voie aérienne et percutanée, sont les plus intéressants, sans négliger cependant la voie digestive surtout en cas d’utilisation terroriste. Parmi les bactéries, les plus souvent évoquées sont Bacillus anthracis, Yersinia pestis, Francisella tularensis, Coxiella burnetii. Mais d’autres sont de bons candidats : Salmonella typhi, Vibrio cholerae, Shigelles, Brucelles, Burkoldheria (ex Pseudomonas) mallei. Les virus sont de bonnes armes potentielles en raison de leur pouvoir infectieux et de leur contagiosité élevée. Le virus de la variole représente un risque réel. Même si la maladie est éradiquée, des souches de virus restent conservées dans deux laboratoires agréés, russe et américain. D’autres virus peuvent être envisagés : virus grippaux, voire arbovirus ou virus des fièvres hémorragiques (Ebola, Lassa, Marburg). Les champignons les plus fréquemment mentionnés sont les histoplasmes et les coccidiomycètes.
Les toxines

Substances chimiques d’origine animale, végétale ou microbienne, elles sont très nombreuses et redoutables, mille à un million de fois plus toxiques que les agents chimiques de guerre. Elles sont réparties dans deux familles, les toxines non protéiques de petit poids moléculaire et les toxines peptidiques ou protéiques.

Les toxines non protéiques sont essentiellement représentées par les trichotécènes qui sont des mycotoxines produites par différentes moisissures. Elles altèrent la synthèse des protéines, et sont responsables lors d’intoxication naturelle de l’aleucie toxique alimentaire. Les plus importantes sont le nivalenol, la toxine T2, le désoxynivalenol. La saxitoxine et la ciguatoxine, produites par des micro-algues marines, les dinoflagellés, font partie de ce groupe.

Parmi les toxines protéiques, les toxines botuliniques sont les substances biologiques les plus toxiques connues. La dose létale chez l’homme est de 0,1 µg par voie orale, de 0,1 ng par voie parentérale. Un kilogramme de cette toxine suffirait à tuer toute l’humanité. Cent milligrammes de toxine purifiée, versés dans un réservoir d’eau de 15 m3 entraîneraient la mort de toute personne ingérant seulement 10 ml de cette eau. D’autres toxines bactériennes sont potentiellement utilisables : entérotoxine staphylococcique, exotoxine A de Pseudomonas aeruginosa, toxine alpha de Clostridium perfringens, toxine diphtérique. Les toxines protéiques d’origine animale sont nombreuses : neurotoxines de venins de serpents (erabutoxine, dendrotoxine, bêtabungarotoxine…), de venins de scorpions, d’araignées, de mollusques (conotoxines). Les toxines végétales sont la ricine (extraite des grains de ricin) et l’abrine (extraite des graines de l’abrus). La toxine botulinique et la ricine sont efficaces à très faible dose, faciles à produire et à conserver. Les autres toxines peuvent théoriquement être produites grâce aux méthodes du génie génétique, par fermentation industrielle de bactéries ou de cellules eucaryotes transformées par des vecteurs de gènes portant ceux de la toxine. L’incorporation du code génétique d’un composant de venin de cobra dans un virus comme celui de la grippe est une des possibilités alarmantes suggérées dans certains articles. D’autres substances, peptides endogènes, neuropeptides, hormones, viennent régulièrement s’ajouter à cette longue liste des toxines biologiques.

CRITÈRES D’UTILISATION DES AGENTS BIOLOGIQUES

Tous ces agents biologiques n’offrent pas les mêmes possibilités d’utilisation sur le champ de bataille. Dans cette optique, un certain nombre de critères, dits de militarisation, ont été définis en 1949 par un microbiologiste américain, Théodore Rosebury. Ces critères sont toujours pertinents. Nous ne pouvons les analyser ici de façon exhaustive. Ils rassemblent des critères indispensables, liés aux contraintes technologiques du développement du système d’arme, et des critères se rapportant particulièrement aux agents biologiques (protection facile de l’utilisateur et difficile de l’agresseur, rapidité des effets, persistance, détection difficile, multiplicité des cibles et des portes d’entrée, possibilités de traitement, effets psychologiques). Ces critères, utilisables à des fins militaires, ne sont pas nécessaires pour d’autres emplois des agents biologiques, en particulier lors d’actions terroristes ou de sabotage.

ÉVOLUTION DES RISQUES

Actuellement, les risques représentés par les agents biologiques sont de deux types :

  • Utilisation d’un agent naturel dans un concept classique,
  • Développement de nouvelles armes utilisant les évolutions technologiques.

L e premier risque est toujours présent. Il est lié à la prolifération des armements non conventionnels dans des pays qui ne respectent pas les accords internationaux. En 1989, les services de renseignements américains estimaient qu’une dizaine de pays était en mesure de fabriquer des armes biologiques. En 1995, ce nombre était évalué à plus de 17 . L’attrait des armes biologiques pour ces nations est clair. Il n’est pas nécessaire de disposer d’une technologie sophistiquée, ces armes sont théoriquement peu chères et ont souvent été qualifiées de « bombe atomique du pauvre ». Il a été estimé que, pour une opération à grande échelle sur une population civile, à pertes humaines égales, il faudrait dépenser 2 000 dollars US par km2 avec des armes conventionnelles, 800 avec une arme nucléaire, 600 avec l’arme chimique et seulement 1 dollar avec des agents biologiques.

Le développement de nouvelles armes peut se faire par deux grands moyens : optimisation d’agents déjà connus pour les rendre plus agressifs, ou création de nouveaux agents. Les agents naturels évoqués précédemment peuvent être « améliorés » selon plusieurs modalités : accroissement de virulence, sélection de résistance aux antibiotiques, résistance dans le milieu extérieur, extension des cibles dans l’organisme, inefficacité vis-à-vis des vaccins existants, tableau pathologique inhabituel… Mais il existe de nouveaux dangers liés aux progrès des biotechnologies et de la génétique moléculaire. L es applications sont multiples. Nous en citerons quelques-unes :

  • Synthèse peptidique automatique ou par voie chimique de fragments analogues de toxine,
  • Préparation de gène de toxine ou de peptide par synthèse automatique d’oligonucléotides,
  • Construction de montages moléculaires grâce à l’informatique et à la conception assistée par ordinateur,
  • Application des techniques de micro-encapsulation,
  • Détournement des technologies des bio-industries (fermenteurs),
  • Transfert de gènes de résistance aux antibiotiques ou aux antiseptiques,
  • Transfert ou modification de facteurs de virulence,
  • Expression de toxine,
  • Réarrangement ou modification du génome viral codant pour des protéines de surface pour rendre des vaccins inefficaces.

Dans une vision élargie et futuriste, il faut également envisager toutes les dérives possibles des recherches scientifiques actuelles dans les domaines par exemple de la thérapie génique, des méthodes de sélection des animaux et des plantes, de la sélection des biopesticides et des engrais biologiques.

NOUVELLES MENACES

Si toutes les utilisations précédentes, déjà effrayantes, ne considèrent que l’application militaire de l’arme biologique, il semble actuellement que l’emploi de cette panoplie soit beaucoup plus à craindre comme armes de sabotage ou dans un cadre terroriste. Le Département d’État américain estime qu’entre 1980 et 1990,6 000 « incidents » terroristes sont survenus dans le monde, responsables de plus de 4 000 décès et de 11 000 blessés.

À ce titre. plusieurs scénarios terroristes ont été envisagés ou testés, en particulier pour démontrer la vulnérabilité des états. En 1950, la marine américaine a lancé au-dessus de San Francisco des nuages de Bacillus globigii et de Serratia marcesens. On estime que la plupart des habitants de la ville aurait inhalé au moins 5 000 particules contaminées. En juin 1966, l’armée américaine s’est livrée à des expériences dans le métro de New York. Un aérosol de Bacillus.subtili.s a été vaporisé par l’intermédiaire des systèmes d’aération. Sous l’effet des turbulences engendrées par la circulation des rames, les bactéries ont atteint en quelques minutes les extrémités des lignes. À cette époque, à peu près 1 million de personnes prenait chaque jour le métro. En se basant sur les niveaux de contamination mesurés avec B. subtilis, il a été estimé par extrapolation qu’un agent létal comme Bacillus anthraci.s aurait entraîné 12 000 cas d’infections mortelles.

Plusieurs exemples récents font prendre ces nouvelles menaces très au sérieux. La secte Aum Shinrikyo, responsable de l’attentat au sarin dans le métro de Tokyo en mars 1995 faisait des recherches sur des agents biologiques, le charbon et la toxine botulinique. Cette secte avait également effectué une expédition au Zaïre en 1992 pour se procurer des échantillons du virus Ebola. Elle avait acheté un hélicoptère et deux avions télécommandés pour pulvériser des agents biologiques. Une attaque biologique aérienne sur des agglomérations est un scénario souvent décrit. On estime ainsi qu’un petit avion équipé d’un disperseur utilisé pour l’agriculture, survolant Washington, et capable de disséminer 100 kg de spores de charbon, répandrait l’équivalent de 3 millions de doses létales. L’inquiétude naît également de la facilité avec laquelle des groupes marginaux ou des organisations terroristes peuvent se procurer des agents pathogènes ou des toxines. En avril 1993 des douaniers canadiens ont arrêté un Américain équipé de 4 pistolets, 20 000 cartouches, de littérature néo-nazi et d’assez de ricine pour tuer au moins 30 000 personnes. En mai 1995, un laborantin de l’Ohio a commandé à un fournisseur du Maryland, avec une fausse lettre à en-tête, 3 ampoules de Yersinia pestis.

À côté de ces faits réels, plusieurs possibilités d’attaques biologiques effectuées dans un cadre terroriste ou de sabotage peuvent être imaginées. La plus plausible est la contamination de denrées alimentaires. Un précédent existe. En 1978, un commando palestinien a revendiqué l’injection de mercure dans des agrumes israéliens. Il ne s’agit pas d’une contamination biologique mais chimique. Cependant une bio-contamination aurait été tout aussi facile. On se souvient également du sabotage des pots de nourriture pour bébés avec des éclats de verre en Angleterre en 1989. Les motifs de ces actes sont nombreux : terrorisme économique contre un pays, chantages, extorsion de fonds. Un deuxième scénario est celui d’actions du terrorisme d’État, utilisant l’arme biologique contre une population en opposition ou en conflit avec cet État. Le troisième scénario est le fait de sabotage à large échelle d’une industrie alimentaire où certains secteurs sont particulièrement vulnérables (industrie laitière par exemple). Trente grammes de ricine sont suffisants pour empoisonner mortellement un lot de 150 livres de viande, permettant de produire 1 500 hotdogs. Enfin le dernier scénario est une attaque terroriste en vue de destructions massives (attaque d’aéroports, de terminaux routiers, de métro, etc.).

LES MANIPULATIONS GÉNÉTIQUES DES AGENTS PATHOGÈNES

Connaître les mécanismes intimes du fonctionnement des microbes et de tous les organismes vivants, comprendre ce qui les fait réagir à des environnements hostiles ou favorables, comment ils évoluent, comment ils transmettent leurs caractéristiques propres à leur descendance : tout cela ne peut être atteint sans entrer dans « l’intimité moléculaire » des êtres vivants. La vie paraît être un système complexe de stockage et de transmission d’énormes quantités d’informations, compactées en un « code héréditaire » inscrit dans les molécules d’acide désoxyribonucléique (ADN) qui constituent les chromosomes.

La mise au point des outils de la biologie moléculaire a fait progresser de façon spectaculaire notre connaissance des mécanismes de la vie au cours des dernières décennies, en permettant de transformer le vivant par des manipulations génétiques. Dès les premières manipulations modifiant les génomes des micro-organismes vivants, la communauté scientifique a pressenti le danger. En 1974, une douzaine de biologistes célèbres signèrent avec Paul Berg (futur prix Nobel en 1980) une lettre publiée dans la revue Science, qui demandait un moratoire sur les manipulations génétiques. Cette lettre fut suivie en 1975 par la conférence d’Asilomar en Californie, rassemblant plus de 150 biologistes, où furent proposées des règles pour encadrer ces manipulations, règles reprises l’année suivante par les National Institutes of Health aux États-Unis, et par les autorités de contrôle dans les pays européens.

L’altération de gènes, ou l’introduction de gènes étrangers modifiant le patrimoine génétique de micro-organismes, de végétaux ou d’animaux, pour leur conférer telle ou telle propriété, sont devenues aujourd’hui d’un usage courant. Ces nouveaux outils de la biologie moléculaire ont fait naître une deuxième génération d’armes biologiques : des agents pathogènes génétiquement manipulés pour être plus virulents, ou plus résistants aux antibiotiques ou à l’environnement. Des transfuges ont rapporté dans les années 1990 les effarantes réalisations du programme Biopreparat des Russes, dont l’ampleur contraste avec des objectifs stratégiques qui demeurent mystérieux. Ces révélations sont apparues stupéfiantes, terrifiantes, absurdes, tragiques.

Créé en 1973, soit un an après la signature par l’URSS de la Convention internationale sur l’interdiction les armes biologiques, Biopreparat formait un réseau tentaculaire d’usines de production et de centres de recherche secrets, dispersés sur 40 sites en Russie et au Kazakhstan, dont 8 centres de recherche et 5 usines de production à Stepnogorsk, Zagorsk, Kirov, Sverdlorsk et Striji, et un centre d’essais en plein air sur l’île de Vozrozdenija.
. À son apogée en 1980, cette pieuvre employait près de 30 000 personnes sur un total de 60 000 engagées dans les programmes d’armes biologiques. Les Russes mirent au point au moins 12 agents infectieux opérationnels, et travaillèrent sur près de 80 germes très dangereux. Avec un budget équivalant à un milliard de dollars, Biopreparat aurait produit des milliers de tonnes d’agents du charbon, de la peste et de la variole. Le transfuge Ken Alibek a par exemple prétendu que les Russes avaient préparé en 1980 plusieurs tonnes de virus de la variole sous forme de poudre lyophilisée pour équiper des obus et des missiles à longue portée.

Au centre de recherche d’Obolensk, on travaillait sur des bactéries génétiquement modifiées.
. Entre autres opérations, on aurait manipulé le bacille du charbon et celui de la peste pour les rendre résistants à la plupart des antibiotiques, au froid et à la chaleur, ou très virulents chez les vaccinés, ou encore capables de produire des toxines d’autres agents pathogènes. On aurait introduit dans des bactéries inoffensives, comme le colibacille de l’intestin, des gènes codants pour des toxines (botulique, cholérique ou charbonneuse…) On aurait fabriqué des virus hybrides entre les virus de la variole et celui de la fièvre Ebola. Des armes machiavéliques auraient été fabriquées, utilisant des bactéries comme des légionelles ou des virus exprimant des petites protéines humaines produites par le système nerveux (myéline, endorphines…), susceptibles de déclencher des modifications du comportement ou de graves dommages cérébraux pouvant mimer des maladies naturelles après plusieurs semaines ou mois suivant l’exposition.

Que fit-on d’un tel arsenal produit à si grands frais ? Heureusement, à notre connaissance, on ne s’en servit pas, du moins pas sur une grande échelle. De ce programme russe, il resterait peut-être 25 000 à 30 000 personnes travaillant toujours dans ce type d’activité dans des laboratoires inaccessibles, et plusieurs milliers de chercheurs au chômage qui pourraient monnayer leur expérience au profit d’États-voyous. Au demeurant, si l’essentiel de l’attention est tourné vers l’ex-URSS en matière d’armes biologiques, la dissimulation et la désinformation sont la règle partout, même dans les pays démocratiques aux crédits presque illimités comme les États-Unis.

Aux témoignages des transfuges soviétiques Vladimir Pasechnik et Ken Alibek, sur lesquels pourraient planer certains doutes, il faut ajouter que la simple lecture de publications scientifiques récentes décrivant des manipulations génétiques utilisables à des fins meurtrières, peut aussi inspirer les terroristes. On a par exemple récemment publié que l’ajout dans le génome du virus de la variole murine (un virus non pathogène pour l’homme mais proche de celui de la variole) d’un seul gène codant un facteur de croissance des globules blancs (l’interleukine-4), entraînait une exacerbation de la virulence du virus telle qu’il décimait même les animaux vaccinés . Une manipulation similaire sur le virus de la variole pourrait avoir le même effet catastrophique . On a aussi rapporté que l’introduction d’un gène du virus Ebola dans le génome du virus d’immunodéficience humaine (VIH) lui conférait un tropisme respiratoire dont on peut anticiper le rôle dévastateur . Tout ceci pose le problème de la liberté de publier des résultats qui pourraient inspirer la malveillance des bioterroristes .

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